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Valentine Valti
Méaly
Stelly
Musette
Léon Laroche
|
Paulus
Notes
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CHAPITRE XXIX
L'émeute de Lyon - A l'Éden de Trouville - Valti - Brunin - Lucy Durié - Gabrielle Lange - Stella - Van Lier - Méaly - Stelly - Legrand - Modot - Vaunel - Gabrielle d'Estrées - Chaudoir - Derrière la Musique militaire - Musette - Léon Laroche - Müssleck - Le saucissonnier Constans - Yvette Guilbert - "Le Cheval du Municipal".
Allons ! bon... encore un scandale ! Après celui de la Scala de Paris, celui du Casino de Lyon ! Et celui-ci a dégénéré en émeute ! Voici les faits :
L'an passé, à ce même Casino, j'eus le malheur de trouver étrange l'accoutrement d'un pître - informe autant que difforme - qui venait inconsciemment faire le burlesque dans ma chanson En r'venant de la revue. Toucher à leur idole, ah ! malheur ! Ce ne fut qu'un cri : j'étais jaloux du succès de ce grotesque!
Jaloux de quoi ? D'un malheureux, qu'ils élevaient sur le pavois, émigré de caboulots en caboulots, trouvant à peine où placer ses idioties. Son nom, qui donc se le rappelle ? Cette colère des Lyonnais de la Guillotière ne me paraissait pas sérieuse; j'avais pris tout cela pour de l'enfantillage. Ma représentation finie, j'essuyai le pétard qu'ils avaient mijoté; je partais contrit, mais persuadé que cela ne m'empêcherait pas d'y revenir. Pourtant, j'appris que des "gônes" me tenaient rancune. On disait que jamais plus on ne me laisserait chanter à Lyon et qu'une "pelle" m'était réservée si j'osais me présenter devant eux. J'en ai tant entendu sur mon compte que je pris ces racontars pour ce qu'ils valaient.
Le directeur du Casino, que je voyais souvent à Paris, me disait aussi : "Ah! ils ont une dent et ça sera dur. Allons donc! je chanterai au profit d'une œuvre sympathique, on se réconciliera."
Il y a quinze jours, Verdellet revint à Paris. Nous reprîmes nos pourparlers. Mon offre de chanter gratis pour une bonne œuvre lui sourit; il pensa aux Fourneaux de la Presse. "Je chanterai le jeudi 3 novembre. Affichez ", lui dis-je.
Le jeudi matin, je prenais le rapide; j'arrivais à Lyon à six heures ; j'étais à l'hôtel Collet à six heures et demie. Encore dans l'omnibus de l'hôtel, j'aperçus une queue énorme devant le Casino. Je m'enquiers ; tout était loué.
- Que dit-on ?
- N'ayez crainte, les mesures sont prises; l'impression est bonne.
- Et le programme...
- Le voilà.
Qu'y vois-je! Porté deux fois, à neuf heures et demie et à dix heures et demie. Je fais un bond de stupéfaction. L'administrateur Mey comprend mon effarement, et court effacer au crayon bleu le deuxième tour de dix heures et demie. Sitôt dans ma loge, j'insistai pour voir le programme rectifié. Rien n'avait été modifié! Je devais paraître les deux fois. Fatigué, n'ayant ni mangé, ni dormi, j'insistai pour qu'on fit une annonce.
M. Verdellet comprit alors que c'était le seul moyen d'en sortir. Il pria Durozel, le régisseur, de faire savoir que, fatigué, je chanterais toutes mes nouveautés en une seule apparition, à neuf heures et demie.
Cette annonce fut faite en dépit du bon sens. Le régisseur appuyait sur chaque phrase, dont quelques-unes, applaudies au passage, empêchèrent d'entendre ces derniers mots : "Paulus ne paraîtra donc qu'une fois." Le public ne comprit pas le sens général de cette annonce. Durozel se retira, croyant l'avoir suffisamment instruit.
Quand je parus à neuf heures et demie, quelques cris hostiles, quelques protestations, retentirent.
J'attendis deux minutes que le silence s'établit, et j'entonnai les Sociétés de gymnastique. Ému, tremblotant (on le serait à moins), je m'évertuais à donner du son; rien ne sortait, j'avais la voix complètement étranglée. Je n'abandonnai pas la partie, et chantai comme cela quatre chansons ; les sympathies se manifestèrent ; je repris courage, et leur annonçai que j'allais, pour la première fois, leur donner le Retour du mobilisé, dernière création. Cette annonce fit très bon effet, on me couvrit d'applaudissements. La chanson ne fut pas mieux présentée que les quatre autres, j'étais aphone complètement. Le public me tint compte néanmoins de mes efforts, et je partis avec les bravos unanimes de toute la salle. La partie était donc bien gagnée.
Dans la loge, m'épongeant, tout réjoui de ma victoire si chèrement gagnée, je songeais, avec Chaudoir, aux dangers de ce programme où j'étais porté deux fois. Lui, se plaignant de la chaleur insupportable de la loge, n'y tenant plus, voulait s'en aller. Moi de résister et de lui dire : "Malheureux, si le public insiste, et que je sois parti, voyez quel vacarme ! Restons, attendons les événements ; pour tous, disons que nous ne reparaîtrons plus, on prendra des mesures en conséquence. Restons jusqu'à la fin, et, s'ils protestent, quoique aphone, j'irai en bras de chemise, s'il le faut, leur râler des monologues."
Mon brave ami, Raoul Pitau, comprit aussi le danger qu'il y avait à s'en aller ; il opinait pour rester quand même.
Nous en étions là de ce conciliabule, quand M. Verdellet vint nous dire : "Mes enfants, tout est conjuré (10 h. 1/2), la pantomime commence, le rideau est baissé, les accessoires sont posés, le public est bien convaincu que Paulus ne reparaîtra plus. Vous POUVEZ PARTIR."
Encore défiant, je risquai un œil scrutateur sur la scène pour constater cette nouvelle situation. Les clowns commençaient leurs pirouettes. Chaudoir et moi primes nos pardessus, et nous partîmes en fendant une foule irritée de n'avoir pu entrer et qui attendait les détails de la soirée.
Nous voilà à l'hôtel Collet, à dix heures trois quarts, tranquilles, quand tout à coup un vacarme indescriptible se passe sous nos fenêtres. Des centaines de voix clament :
"Paulus ! Paulus ! à l'eau !"
Ce que j'avais craint était arrivé. A l'entrée des clowns sur la scène, des hurlements avaient retenti là-haut : "Paulus ! Paulus ! ou nos vingt-cinq sous !" Les clowns avaient pris ça à la blague; l'exaspération du public s'en était accrue. On avait trépigné, crié ; les horions, les syphons, les soucoupes avaient plu sur les musiciens, sur les spectateurs des fauteuils. Sauve-qui-peut général ! Aux portes du théâtre, cinq mille personnes, mécontentes de n'avoir pu entrer, se sont jointes à celles qui viennent me conspuer.
Ce charivari épouvantable dura jusqu'à une heure du matin !
Que pouvais-je y faire ? J'aurais dû rester au Casino, je le compris encore. J'étais à l'hôtel, en face, séparé par cinq mille personnes qu'un escadron de cuirassiers seul aurait pu franchir. De ma fenêtre, j'ai vu casser les globes du Casino, j'ai entendu bafouer mon nom sur tous les airs populaires.
La garde à cheval arriva, la police redoubla d'énergie, et à une heure et demie tout était dissipé. Enfin ! Je passai la nuit la plus atroce de ma vie. Un train de sept heures me conduisait à Genève le lendemain matin ; affolé, je partis. Mais avant je déchargeai mon cœur en écrivant au directeur du Casino une lettre, que je copiai à sept exemplaires et que j'envoyai aux journaux de Lyon.
Cette lettre fut insérée, mais des journaux y ajoutèrent des réflexions injustes et méchantes. Ils disaient, en substance :
"Paulus devait être écharpé s'il reparaissait à Lyon.
"Dix mille personnes sont venues pour l'entendre ; la recette a été maximum ; l'accueil a été favorable. Il n'est pas revenu, ainsi qu'on l'avait annoncé sur les programmes et l'avions annoncé nous-mêmes dans nos feuilles ; il a voulu se moquer de nous, nous ne l'avons pas ménagé. Il se le rappellera."
Ma conscience est tranquille. J'ai agi correctement, et sans emportement. Dix mille francs m'auraient été demandés pour éviter pareil conflit, je les eusse donnés de grand cœur.
Le lendemain je me présentai devant un public nouveau pour moi - je parle du public de Genève, où j'ai chanté samedi et dimanche au Grand-Théàtre. Ce public élégant, prévenu, se défiait de mes faits et gestes. J'ai dû faire vibrer toute la note discrète que j'emploie spécialement dans les salons. J'ai complètement réussi ; les journaux du pays ont été les premiers à me reconnaître une réserve à laquelle ils ne s'attendaient certes pas...
Mon traité était fini avec l'Alcazar d'Été et je voulais encore de meilleures conditions pour le renouveler. D'ailleurs, je n'étais pas pressé. Les Allemand venaient d'acheter l'Éden de Trouville et y plaçaient comme directeur leur gendre Marchand. Pour bien lancer l'affaire, ils me demandèrent mon concours. Pitau conclut l'affaire et nous partîmes pour la durée des courses de Deauville. L'installation de l'Éden était plutôt défectueuse, mais la troupe était très bonne. Elle comptait parmi ses premiers sujets, Mmes Marthe Lys, Dufresny et Valti.
La belle gommeuse Valentine Valti était alors en plein succès. Ses chansons, ses chapeaux gigantesques, ses toilettes excentriquement superbes et d'un goût exquis, plaisaient fort au public. Voix mince, mais agréable, avec un petit zézaiement original. Bonne camarade qui s'est retirée de la scène; la Fortune, pas toujours aveugle, l'ayant comblée de ses faveurs.
Après cette saison de Trouville qui fut excellente, je me reposai. J'allais aux concerts des Champs-Élysées, aux répétitions, voir les camarades et les applaudir. Aux Ambassadeurs, il y a Brunin, le gigantesque artiste que Lille a vu naître en 1859. Long comme un jour sans pain, d'une maigreur squelettique, il doit à ces avantages physiques une partie de son succès, soit ! mais il le doit aussi à son art de composer ses personnages-fantoches et à son jeu intelligent. I1 avait eu une fort jolie voix et avait commencé par chanter la romance et la tyrolienne. Mais un enrouement subit l'obligea à se confiner dans le comique ; il y a réussi complètement. Il restera pendant dix-neuf saisons aux Ambassadeurs. En ce moment, il apparaît costumé en danseuse d'opéra. Il est inénarrable ! Le public se tord à son entrée et le rappelle avec frénésie. L'an prochain il va faire une tournée - qui sera fructueuse - dans l'Amérique du Nord, puis s'en ira à Moscou, où boyards, marchands et moujiks lui feront le succès dont il ne peut plus se passer.
La grande
Thérésa vient de donner une série de représentations triomphales à l'
Eldorado, où quelques nouvelles artistes se font remarquer : Lucy Durié qui sort de l'Opéra-Comique. Belle voix, juste, étendue ; bonne méthode, musicienne accomplie... n'a que deux défauts : est timide et manque un peu de mémoire. Excellente camarade ; très goûtée du public. Créatrice de la célèbre romance populaire de Soubise et Boissière : C'est un oiseau qui vient de France. Puis, Gabrielle Lange, une rondeur, très en dehors, pleine de gaîté et d'entrain, qui promet... et tiendra. Stella, jeune, jolie, intelligente... une Mily Meyer en espérance. Van Lier, qui nous vient de Russie avec un chargement de lauriers; chante fort bien les morceaux d'opérettes. Et la toute belle Méaly (Juliette Josserand, dite), une toulousaine qui n'a pas froid aux yeux et fait s'écarquiller ceux des spectateurs. De l'entrain de la fantaisie intelligente de la voix. Ne fera que passer au concert. Depuis, a connu toutes les ivresses du succès, depuis les Menus-Plaisirs (1890) jusqu'aux Variétés où elle était encore applaudie hier. A citer aussi, Mlle Stelly... très distinguée... dit de façon charmante et joue fort bien la comédie. Elle a affirmé depuis ces qualités et, à 1'heure actuelle, brille au firmament de Montmartre.
Et encore quelques artistes mâles :
Legrand, qui continue, ou plutôt essaye de continuer Ducastel.
Modot, un bon artiste consciencieux et chercheur; restera pendant sept ans à l'
Eldorado, ce qui équivaut au brevet supérieur du talent. Puis ira au théâtre faire dix créations remarquées, entr'autres celles dans l'Oncle Célestin, Mademoiselle ma femme. Hier encore incarnait le fameux interprète de L'anglais tel qu'on le parle, la charmante fantaisie de Tristan Bernard. Et Vaunel (anagramme de Lavenu, son nom) qui est un diseur parfait, un imitateur remarquable. Son travail persévérant, le don d'observation qu'il possède à un haut degré, lui ont marqué une place à part au concert. Il plaît à tous les publics, possédant un répertoire étendu qui satisfait aussi bien le gavroche du poulailler que les gens du monde qui le recherchent pour leurs soirées. Qu'il représente un paysan, un soldat, un bourgeois, un jeune fat ou un vieux beau, il entre si bien dans la peau du personnage qu'on croirait qu'il la porte depuis sa naissance. C'est un comme il faut, un sympathique ; c'est un artiste.
Au commencement de 1889, j'allai à Nice où l'on me proposait d'acheter l'
Eldorado. Pendant que Pitau s'occupait de cette affaire, j'organisai une tournée dans les villes environnantes, Menton, Cannes, Grasse, etc., avec une petite troupe composée de :
Mercadier, l'ombromane Arnoult et Gabrielle d'Estrées (Mme Bidon).
L'ami Bidon s'occupait du contrôle et Chaudoir était pianiste-accompagnateur. C'est lui qui me fit plusieurs bonnes chansons, entr'autres : Derrière la musique militaire.
Succès considérable pendant ces quinze jours.
Mercadier, toujours charmeur et Gabrielle d'Estrées (une jolie jeune femme aux cheveux entièrement blancs) faisaient florès ; cette dernière avec ses chansons sentimentales et ses airs d'opéras, où elle était parfaite.
Musette, la fidèle compagne de
Mercadier, l'accompagne dans ses pérégrinations. C'est de la gaîté parmi nous. Plus tard, à Ba-Ta-Clan, nous reverrons la belle ribaude et ce joli visage qu'illumine un perpétuel sourire.
Maintenant, mes paroliers favoris sont, presque exclusivement, Delormel et Garnier, en même temps mes associés dans l'édition de nos succès. Mais je garde un bon souvenir aux anciens, surtout à Léon Laroche à qui je dois : J'ons marié Thérèse, Je me rapapillotte, J'ons pas bougé, Dans les fleurs, Le rond-point des Champs-Élysées, et tant d'autres bonnes chansons. Laroche avait débuté dans la poésie sérieuse, mais le roublard s'aperçut vite que si ça pouvait rapporter un peu de gloire, ça ne donnait que du pain sec, pour, pouvoir beurrer ce pain, il lâcha le genre élégiaque pour celui du café-concert, et bien lui en prit. A cette heure, il grignote ses rentes, tranquillement, et a de quoi entretenir sa Muse, s'il la lutine encore dans sa retraite de Villeneuve-sur-Yonne.
Je rentre au Concert Parisien, le 9 mars 1889, sous la nouvelle direction de Müssleck. Auguste Müssleck était une des figures les plus connues de Paris. Il avait eu une vie agitée. D'abord, doreur sur bois, puis professeur de natation aux bains Henri IV, il avait ouvert après,
le restaurant des Chevaliers de la Table ronde, au boulevard Barbès, où fréquentèrent tant de célébrités du jour : André Gill, Olivier Métra et bien d'autres. En 1879, il fonda la joyeuse Société des Becs-Salés, de tapageuse mémoire. Maintenant il est devenu le directeur du Concert Parisien, qui vient de se payer six faillites consécutives ! C'est dur à relever une machine comme ça, mais Müssleck compte sur ses capacités... et sur moi, pour y arriver.
J'y trouve les camarades Clovis, Maurel, le baryton Sarrus, Teste, Vaunel et Brigliano, le régisseur excellent ; puis Mmes Alexandrine, Vaunel et Brigliano. Ça a marché comme sur des roulettes. Le public revient au concert déserté. La caisse du directeur se remplit ; il exulte... moi aussi, mais j'ai des démêlés avec la Censure. Depuis que les électeurs parisiens ont voté - et de la façon qu'on sait - pour le général Boulanger, En revenant de la Revue est interdite. Il me fallait des nouveautés. Dans un monologue Pas grand chose et pas beaucoup, je brandissais un saucisson et je prononçais le nom de Constans, le tout puissant ministre, que les journaux satiriques appelaient alors Constans le saucissonnier. Le préfet de police, prévenu par un des agents qu'on envoyait toujours m'écouter, ordonna la fermeture du Concert Parisien pour trois jours. Désespoir de Müssleck et des artistes : les recettes allaient être coupées. On se réunit, on se concerte ; j'offre d'aller chez le ministre plaider mon innocence et la pureté de mes intentions. J'y vais, je récite le monologue incriminé à M. Constans qui, en homme d'esprit, rit de la chose et fait lever l'interdit.
C'est Müssleck qui eut l'honneur de lancer Yvette Guilbert.
Celle qui devait bientôt avoir la grandissime vedette des étoiles féminines venait seulement de trouver sa voie. Jusqu'alors, elle avait un peu passé inaperçue. Elle se tâtait, observait, se disant que pour mettre au jour ce qu'elle sentait germer en elle, il fallait montrer du pas encore vu. Elle pensait, avec raison, qu'en suivant les sentiers battus on ne pouvait que glaner, imiter et continuer un genre quelconque. Il fallait créer... elle créa. Ce fut une révélation que cette, jeune femme, pas jolie, engainée dans sa robe étroite, couvrant des bras grêles de longs gants noirs et qui chantait sans les gestes explicatifs de ses consœurs, immobile, ne soulignant que par le rictus de sa bouche, d'où sortait une diction originale, sèche, saccadée, mais nette, prenante, portant loin, ne laissant pas mourir une syllabe des mots. Elle avait pris d'abord son répertoire aux chansonniers montmartrois. Ce qui, dit par d'autres, n'aurait été qu'une scie d'atelier, devenait, grâce à elle, une chanson d'art. Elle mettait dans des riens une telle persuasion qu'elle donnait l'illusion que c'était quelque chose. Ce n'était plus la Chanson, campant son bonnet sur l'oreille, retroussant sa jupe plus haut que le mollet, bonne fille gauloise, c'était la Chanson du jour, sans retenue, vicieuse, mais qui avait trouvé une merveilleux interprète.
Son succès a été grandissant. C'est la seule artiste du concert qui ait connu les cachets à la Paulus. Aujourd'hui, Yvette Guilbert voit les portes des plus grands théâtres ouvertes devant elle. L'infatigable chercheuse nous étonnera un de ces jours avec quelque nouvelle trouvaille, du pas encore vu supérieur, qu'elle doit mijoter depuis longtemps.
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