Paulus
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CHAPITRE XXXI
Kam-Hill - Marius Richard - Charlotte Gaudet - Anna Thibaud - Marguerite Derly - Micheline - "Le Baptême d'une poupée" - Plus d'engagements imprimés - Polin - Je deviens directeur de Ba-Ta-Clan - Une troupe de choix - Marguerite Duclerc - Fragson - Bruant - Les sœurs Fréder. Pâquerette. Trois saisons bien remplies. Je vends
Ba-Ta-Clan. Les artistes prévoyants ! - "La Musique de la garde".
Un artiste nouveau vient d'apparaître au Concert ; la Presse s'en occupe et les racontars vont leur train. On dit que c'est un jeune homme du monde, pauvre, qui veut amasser une dot, afin de pouvoir épouser celle qu'il aime.
Cette historiette - fausse d'ailleurs - pique la curiosité, celle des femmes surtout, et l'on va entendre... Kam-Hill. Celui qui porte ce pseudonyme appartient à une très honorable famille, il est vrai, mais il n'a pas besoin de conquérir une femme, à la force du gosier, pour cette bonne raison qu'il en a déjà une... et charmante, encore. Il a revêtu un habit rouge : sa voix est tonitruante ; il brûle les planches, se dépense sans compter et on l'applaudit. Les camarades le regardent d'un œil défiant ; pour eux, c'est un intrus qui vient leur chiper une vedette ; un amateur tout au plus. Mais peu à peu, il conquiert les sympathies : il est doux, courtois, distingué et feint de ne pas entendre les propos désobligeants qui partent des coulisses ; les envieux sont gagnés par ses bonnes manières.
Au bout de quelques années, quand il sentira la vogue décroître, il quittera la scène, digne, sage, emportant quelque argent laborieusement gagné et l'estime de tous ceux qui l'ont approché.
Un autre chanteur ; un beau mâle qui fait bomber ses vastes pectoraux et retentir une voix superbe ignorant la fatigue et les défaillances. C'est Marius Richard.
Ce Marseillais, élevé à Buenos-Ayres, possède un baryton puissant qu'il transforme peu à peu en fort ténor. Très applaudi ; n'a pas donné tout ce qu'il avait en lui, car la mort l'a enlevé à la fleur de l'âge. Il a marqué son passage par des créations retentissantes, entr'autres celles de La Marche Lorraine (paroles de J. Jouy et O. Pradels, musique de L. Canne).
Sa disparition a été une grande perte pour le concert.
La brave Demay venait de mourir ; tous les concerts étaient en deuil. Je m'occupai, avec Delormel et Garnier, d'organiser une représentation dont le produit servirait à élever, sur la tombe de l'artiste regrettée, un buste que le sculpteur Granet s'offrait à faire.
Une étoile venait de s'éteindre, une autre se levait à l'horizon. C'était Charlotte Gaudet, la seule dont l'éclat joyeux ait pu, non faire oublier l'autre, mais la rappeler. La seule, après Demay, qui ait su dire des énormités sans choquer. Les gauloiseries, dans sa bouche, perdent leur gravelure. Le geste est sobre, presque nul ; l'œil malicieux souligne, mais discrètement. Elle a, comme sa devancière, la voix prenante et nette qui fait les parfaites diseuses.
Anna Thibaud commençait alors d'établir sa réputation de jolie femme et d'excellente artiste. Elle avait débuté modestement au théâtre Montparnasse, mais le concert l'attirait et elle devait s'y créer une place enviée. Gracieuse, séduisante, possédant une diction un peu froide mais très fine, elle a de plus l'avantage d'être faite comme la Vénus de Milo (plus les bras... et ils sont exquis). Aussi, les auteurs de revues la sollicitent pour jouer leurs commères.
A l'heure actuelle, Anna Thibaud détient toujours la grande vedette et prête souvent son précieux concours aux représentations si artistiques, si recherchées des Trente ans de théâtre.
A l'Eldorado, deux jolies artistes : Marguerite Derly aux formes impeccables, qui la désignent aussi pour jouer les commères de revues. Jamais maillots ne furent plus consciencieusement remplis et ils seront acclamés au théâtre comme au concert. Détaille très bien le couplet, avec ça.
Et Micheline, une enfant de la balle, qui brûle les planches depuis l'âge de sept ans. Gentille à croquer ; des yeux et un sourire à damner un saint... s'il s'en aventurait au concert. Courra la province et l'étranger et partout on fera le même accueil chaleureux à ses charmes aguichants et à sa diction mutine.
Le hasard de mes excursions, le soir, quand j'ai quelques minutes de libres, m'a donné hier un régal artistique. J'ai entendu Bruet et Rivière chanter le Baptême d'une poupée (de Nunès frères et Darcier). Bruet, sur la scène, chantait les couplets de cette charmante chanson et Rivière, dans la coulisse, accompagnait le refrain avec son superbe contralto. C'était exquis et le public a fait bisser.
Je ne voulais plus passer d'engagements avec les directeurs ; si je n'en avais jamais signé, je n'aurais pas eu de procès.
L'artiste qui signe un engagement imprimé, ne l'a pas toujours compris ; il contient des clauses dont il n'a pas mesuré toute la perfidie, toutes les conséquences. Chaque maison a des règlements auxquels il faut se conformer, une fois dans la boîte, et lorsqu'on signe on ignore la nature de ces règlements.
N'ai-je pas vu de mes yeux, à Toulouse, à Béziers, à Narbonne, et dans toute la région du Midi, cette clause du règlement de la maison :
"Les artistes dames devront assister aux répétitions, assises, chanteront, comme le soir en robe de ville, assisteront aux soupers après le concert, et feront l'entrée du bal, - sauterie intime, - qui aura lieu de minuit à deux heures du matin."
J'ai eu à constater ceci :
Une chanteuse, engagée à Bordeaux pour chanter à Carcassonne, avait signé un engagement de 200 francs par mois, résiliable après la première quinzaine. On lui envoie 60 francs d'avance, - juste le voyage.
Elle arrive, relevant à peine de couches, malade. On lui fait parcourir le règlement : Répétitions, soupers, bals, etc. Pauvre femme ! elle a hâte de finir la soirée et d'aller se reposer. Le régisseur lui intime l'ordre de danser : elle refuse. On insiste, la menaçant d'une amende de 20 francs. Elle accepte, elle danse et... on la porte inanimée chez elle. Le lendemain, l'ami Despeaux vint au théâtre où j'étais en représentation et me fit part de cette infamie. Une souscription lui donna les moyens de s'en retourner à Bordeaux. Cette brave et honnête femme préféra la misère à la honte.
C'est un fait particulier, et je sais bien qu'en général les directeurs, notamment ceux de Paris, n'ont jamais songé à cela. Cependant : Se conformer au règlement de la maison existe dans tous les engagements imprimés. C'est donc une surprise qui vous attend à chaque nouvel établissement.
A Bruxelles, j'ai dû chanter les chœurs et faire de la figuration. M. Boyer, le directeur, de par son règlement, a exigé cela de moi, et je n'ai pu m'y refuser pour éviter un procès ; il aurait eu gain de cause.
A l'Eldorado, j'avais dû chanter des chœurs aussi, - toujours obéissant au règlement de la maison.
L'artiste qui est honnête, qui a de la valeur et de la dignité, ne doit pas signer d'engagements imprimés.
Qu'on me cite un artiste qui se soit imposé, fort de son engagement. Moi, je n'en connais pas. Par contre, je citerai cent directeurs qui, au mépris de l'engagement, ont trouvé la petite bête pour résilier un contrat onéreux.
On fait son nid dans une maison ; on peut quitter ce nid par un coup de tête. Comme l'enfant prodigue, on n'est pas longtemps à y revenir.
Demandez à M. Renard combien d'artistes ont fait les malins chez lui, voulaient partir - et des meilleurs. Moi, par exemple, que de fois j'ai fait presque des courbettes pour y revenir, et vous tous, comme moi, avez fait ou feriez de même. L'Eldorado était le premier des cafés-concerts.
Est-ce que les bons ouvriers dans les maîtresses maisons signent des engagements ? Et les meilleurs y restent des vingt ans.
C'est une solidarité, cela. Soyez indépendant, donnez à votre patron tout le fruit de votre savoir, de votre intelligence, il sera le premier à l'apprécier ; et je ne le crois pas assez niais pour vous être désagréable, surtout si vous n'avez pas d'écrit avec lui.
Tous les artistes qui sont sous le coup de longs engagements maugréent contre leurs directeurs. Ceux qui sont au mois sont plus dociles. Étudiez la question, messieurs les directeurs, et vous verrez.
Pendant l'été de 1892, l'affaire de Ba-Ta-Clan se préparait. Aussi, je ne m'intéressais plus guère à l'
Alcazar d'Été, où un autre grand favori du public venait de surgir à mon côté. C'était Polin. Le célèbre comique avait fait du chemin depuis ses débuts à la Pépinière, en 1886. Les cinq ans qu'il a passés à l'Éden-Concert lui ont permis de se révéler au public et Francisque Sarcey y a fort aidé, car il en faisait grand cas. Nul n'a encore présenté les soldats avec une telle finesse, avec un naturel si joyeux, servi par une voix extrêmement sympathique. Son succès grandira encore, au concert comme au théâtre, où il trouvera de belles créations à faire.
Je résiliai à l'amiable avec M. Ducarre et je m'en allai me reposer à Arcachon et y élaborer mon programme pour Ba-Ta-Clan dont la réouverture eut lieu à la fin de 1892.
J'avais composé une troupe de premier choix : Raoul Pitau était chargé du contrôle général ; Léon Garnier était administrateur et l'excellent Roydel, premier régisseur et metteur en scène.
J'avais dans ma troupe, Marguerite Duclerc. Quel tempérament ! Sa carrière fut relativement courte, mais combien brillante... et tapageuse. Il fallait l'entendre chanter : Allume ! Allume ! folle d'entrain, échevelée, avec des souplesses d'almée, des déhanchements d'espagnole, des chahuts de montmartroise. Elle est morte, morphinomane, épuisée par l'exubérance de ses fièvres.
Puis, Marguerite Favard, gavroche en jupons, lançant le couplet grivois avec malice ; la jolie Davigny ; Pascaline, chanteuse d'opéra ; Saint-André ; Clairette, chanteuse légère ; Rosette et Eva Barbier, chanteuses-danseuses. Et aussi, Antony, Chambot, Amelet, Lejal, Max Morel, Henri Helme, superbe baryton et Bollini, ténor.
Mon chef d'orchestre était Patusset, dont la maîtrise s'était déjà affirmée dans d'autres concerts et qui était de plus un bon compositeur.
Depuis des années, Ba-Ta-Clan était fermé. Le public du quartier, sevré de son spectacle favori, accourut en masse. J'avais d'ailleurs fait une énorme publicité sur les colonnes Morris et dans les journaux spéciaux : tous les artistes furent à la hauteur de leur tâche ; d'ailleurs, tous ceux dont je viens de citer les noms avaient une valeur réelle. Je fis des jeudis de gala qui amenèrent le public riche des autres quartiers. Les loges étaient prises d'assaut. A un de ces jeudis, je présentai Fragson que Bruet m'avait amené. C'était la première fois qu'on voyait au concert un chanteur, s'accompagner au piano. Sa posture malheureuse en fut-elle la cause ? Mais il remporta une vraie veste. Ah ! ce brave Harry s'est bien rattrapé depuis ! Il est devenu grande étoile, grande vedette, chanteur exquis qu'on rappelle sans relâche. Un charmeur, un triomphateur, où qu'il se fasse entendre. A l'heure actuelle, il gagne vingt-cinq mille francs par mois à Londres ; les Anglais en raffolent, ce qui prouve qu'ils ont du goût.
Je fis débuter Rachel Launay ; une voix menue, mais tendre et sympathique. Le public de Ba-Ta-Clan l'adopta tout de suite. Ses qualités se sont affirmées depuis, notamment à la Boite à Fursy et à l'Opéra-Comique où elle chanta les dugazons. Je fis faire une revue par Numès et Garnier : Les Paulussonneries de l'année, où je jouais le compère. Les recettes se maintenaient admirables. Puis, ce fut une pantomime : Behanzin, qui marcha bien avec les artistes, bons mimes, que je possédais : Antony, les frères Renault et Plessis. La musique, très réussie, était de Gustave Michiels.
Pour plaire à mon public, j'étais à l'affût de toutes les nouveautés ; j'engageai le... pétomane ! Ce n'était cas d'un art exquis, je n'en peux tirer gloire, mais j'étais directeur avant tout.
Je donnai des bénéfices à mes artistes. Ces soirs-là, j'appelais des célébrités du dehors. Bruant, alors dans tout l'éclat de sa renommée, vint y chanter. Il reconstitua, sur ma scène, son fameux cabaret; et y débita ses meilleures chansons. On lui fit des ovations enthousiastes ; il fut acclamé, et le même accueil lui fut réservé pendant toute la durée de ses représentations.
Battaille vint me donner la première de sa Lysistrata, avec tous les Bloch, Jeanne, Blockette et Stiv-Hall. C'est ce dernier qui faisait l'imitation d'Yvette Guilbert, de façon si remarquable ; adroit, intelligent, observateur, il avait attrapé la grande artiste : voix, allure, toilette, visage, c'était à s'y tromper.
A la fin de la saison, j'eus Duparc, Vaunel, Mercadier et Trewey. Je distribuai des médailles d'or à mes vaillants artistes ; on but aux succès acquis et à ceux que nous aurions certainement la saison suivante.
Le 7 septembre 1893, on rouvrait. Même affluence du public ; les recettes montèrent à 2.500 francs. Bruant chantait tous les samedis ; et après, ce fut Paul Delmet, le chanteur et compositeur populaire.
J'engageai les trois sœurs Fréder : Yvonne, la créatrice de Cliquette aux Folies Dramatiques, Camille et Jane ; un trio de grâce et de beauté, qui eut un gros succès. Pauvre petite Yvonne, si gentille ! elle fut enlevée par une bronchite, quelques mois après, à vingt-trois ans ! Puis Camille partit aussi, à vingt-deux ans, laissant deux petits êtres que la courageuse Jane éleva.
Brunin aussi vint faire applaudir sa gigantesque personnalité qui provoquait des rires inextinguibles dans la salle. Fursy, mon secrétaire particulier, y fit des conférences avec l'esprit d'à-propos qu'on lui connaît.
Une pièce amusante de Battaille, La Belle aux taureaux. Fougère imitant la belle Otero, faisait une Carmélita très originale. Clairette jouait Desdémone, et Othello, c'était Yvain, le grand Yvain à la voix si prenante et qui était d'une drôlerie achevée.
Et les recettes montaient toujours ! Mais, on s'en donnait du mal ! Roydel entretenait l'ardeur des artistes : on renouvelait les pièces tous les quinze jours.
Le capitaine Cody, le fameux Buffalo-Bill devait, pendant quinze représentations, présenter son numéro qui consistait à cribler de ses balles infaillibles, le tour de la tête de sa femme ; mais un soir, une de ces infaillibles se trompa et blessa gravement la pauvre cible humaine. Le commissaire de police fit interrompre cet exercice dangereux.
Mévisto aîné joua le Procès Ravaillac ; j'ouvrais les portes de Ba-Ta-Clan au Réalisme ! Moi, je donnais de ma personne les jours où le programme était faiblard.
Je rengageai Stiv-Hall, qui avait toujours beaucoup de succès. Jules Jouy m'apporta le concours de ses belles chansons et Juana fut acclamée. Je présentai les humoristes Chavat et Girier, si amusants, si fins dans leurs duos ; et Charton, le compositeur montmartrois, et Violette Dechaume, qui descendait aussi de la Butte.
Je donnai Bonaparte, pantomime, avec le célèbre pierrot marseillais, Bernardi, qui incarnait Bonaparte.
L'amusante Guitty fut ma pensionnaire et aussi Irène Henry, une gracieuse et intelligente diseuse; et Mme Bassy.
Puis, Pâquerette, qui chantait les Ducastel et les Brunin féminins ; elle était fort jolie et s'enlaidissait à plaisir dans des costumes grotesques ; son comique était irrésistible. Partout, même à l'étranger, elle a réussi dans ce genre original qui lui a valu une petite fortune.
C'est la seule femme (avec Abdala) à qui j'ai vu faire le sacrifice de sa grâce naturelle et de ses charmes, pour amuser le public.
Paula Brébion fut aussi une talentueuse collaboratrice.
Je m'attachai Rosalba que j'avais connue à Marseille. Elle eut un succès considérable ; on la surnommait la
Thérésa moderne ; elle chantait le répertoire de la grande diva populaire, avec
moins de talent, mais servie par une voix puissante qui portait beaucoup. Elle s'est retirée de la scène, sans bruit, et on la dit fort heureuse. J'en suis ravi.
Le petit Alexandre y chantait le genre... Paulus, et, ma foi ! très bien. Son talent grandissait, si sa personne restait petite.
Et encore Laurwald, populaire dans le Midi, plein de qualités et de défauts ; Delmas, son frère, nature nerveuse, ombrageuse, mais avec du talent ; Bollini, un romancier caressant que j'aimais fort et avec lequel je ne pouvais m'entendre, ce qui ne m'empêche pas, aujourd'hui, d'aller souvent le voir à la maison de retraite Rossini, de déjeuner avec lui, tout en nous reprochant nos torts réciproques d'autrefois.
Mary Auber, la jolie Arlésienne, a chanté, à Ba-Ta-Clan, ses chansons provençales et Clovis y a fait se tordre le public, pour ne pas en perdre l'habitude.
Pendant ma dernière saison, je négligeai beaucoup Ba-Ta-Clan. J'avais acquis aussi l'Alhambra, de Marseille, et ça me donnait du tintouin. J'embrassais toujours trop d'affaires et je les étreignais mal forcément.
Pourtant, j'eus encore des succès, surtout avec deux pièces :
Hardi les bleus ! de Battaille, musique de Clérice et La queue du diable, de Héros et Garnier. Puis encore avec Pavie, une pièce où se faisaient remarquer Martapoura, le célèbre baryton, transfuge de l'Opéra et la gentille Miati (sœur de Lise Fleuron).
Mais, j'en avais assez ; mon étoile financière palissait ; il me fallait liquider l'Alhambra de Marseille, j'en fis autant de Ba-Ta-Clan que je cédai à Dorfeuil. Il prit pour administrateur Henri Moreau, l'auteur de tant de revues applaudies ; un truster du succès, - dont le nom ne quitte guère les colonnes Morris.
Les artistes des cafés-concerts se sont décidés à être prévoyants. Ils ont une société de secours mutuels, une caisse de retraites.
L'idée de cette institution remonte à 1864.
Elle avait été conçue par Jules Perrin, avait reçu un commencement d'exécution et était déjà autorisée par le préfet de police.
L'Union des Artistes lyriques (c'était son titre) avait pour président le docteur Mayer ; pour vice-présidents
Jules Perrin et Lucien Bucquet, artistes lyriques.
Mais le temps n'était pas encore à la prévoyance chez les lyriques.
Les cigales continuaient à chanter l'été... et l'hiver, sans songer à l'heure où elles n'auraient plus de voix.
La mutualité était encore ignorée au café-concert.
Plus tard Jules Pacra reprit cette bonne idée.
Le temps avait fait son œuvre ; les adhérents se montrèrent de plus en plus empressés.
A cette heure la Société des Artistes lyriques est en pleine prospérité.
Pacra l'a présidée longtemps avec un zèle infatigable.
C'est aujourd'hui B. Bloch, le bon artiste, le talentueux créateur des monologues alsaciens, qui en est le président, depuis 1901, et les sociétaires viennent de le confirmer encore pour cinq ans, dans ces fonctions qu'il remplit si bien.
La caisse possédait en 1906, quatre-vingt mille francs, et les membres de la Société étaient au nombre de 2030 !
Que de misères sont maintenant soulagées, parmi les camarades malheureux ou atteints par la misère.
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