Créé par Dranem, ce rendez-vous annuel qui se déroule plus ou moins autour du 25 août sert à lever des fonds destinés à acheter puis financer le Chateau de Ris, la maison de retraite qu'il a fondée en 1911 pour accueillir les artistes dans leurs vieux jours.(lire en page Dranem). Comme l'avait fait Constant Coquelin dit Coquelin Ainé, huit ans auparavant à Couilly-Pont-aux-Dames (77 - Seine-et-Marne) en créant la Maison de retraite des artistes dramatiques.
Le principe de la journée est simple : le spectateur paie sa
place, la plupart du temps au stade Buffalo (de 1908 à 1932 sauf 1921 au stade bergeyre avec Chevalier, Mistinguett et Charlie Chaplin) ou au Parc des Princes , pour assister à une série d'épreuves alternant sport et cabotinage.
Avec souvent de vrais athlètes venus se produire "pour la bonne cause" et des artistes de renom s'adonnant aux joies de la course de triporteurs, du concours d'élégance féminine à bicyclette, de la
course en sacs ou à dos de chameaux, on en passe et des meilleurs. Bref, on est là pour se poiler et faire rentrer de l'artiche, à vot'bon cœur m'sieurs dames, c'est pour une œuvre? Preuve que la formule correspond alors aux goûts de l'époque, la fête des caf conc' survit aux deux guerres, et se tient même sous l'Occupation, comme
en témoigne un reportage de l'Ina millésime 1940. Depuis, cette sympathique journée de pignolade artistico-sportive a disparu des écrans radar.
La première en 1908
Le 21 août dans le "MESSIDOR":
Depuis hier, une affiche des plus originales couvre les murs de Paris: on y voit Dranem et Jeanne Bloch, ces deux rois du rire, disputer, sous les acclamations de leurs camarades, une course à tandem: c’est l’affiche annonçant la fête sportive des artistes lyriques de lundi 24 août, au vélodrome Buffalo, à Neuilly. Cette fête, à laquelle la musique militaire du 119e de ligne prêtera son concours, est appelée à un succès retentissant, il faut ajouter aux quinze épreuves disputées par cent cinquante artistes, les courses professionnelles pour lesquelles Darragon, Major Taylor, Nasi, Moreau, Demangel. Seigneur et quarante autres coureurs ont offert, dans un bel élan de solidarité, leur précieux concours au Comité de l’Œuvre de la Maison de retraite des Artistes lyriques.
(d'après Victor Snell dans le journal " L'HUMANITÉ" du 25 août 1908)
Au Vélodrome de Neuilly.
Le Gala Sportif des Artistes.
Il n’y avait pas Mansuelle – ou s’il y était, il s’est, telle une violette, dissimulé dans le gazon de la pelouse. Mais la fête n’en a pas moins bien réussi.
Il y avait là Dranem, organisateur en chef, Dranem surveillant d’un œil tous les détails et, de l’autre… donnant ses ordres, Jeanne Bloch, plus bloch que jamais, Coquelin, le Grand Coq Lui Même, Mistinguett, Miette, Mignonnette, et pas mal de chichinettes d’ici et de là.
A deux heures précises, on frappe les trois coups et la musique du 119éme de ligne attaque l’obligatoire marche de "Sambre et Meuse" la fête s’ouvre par un défilé de tous les participants. Et aussitôt se courent les série de grand championnat. Sérieux comme des professionnels de carrière, moulés dans les affreuses casaques versicolores sans lesquelles on ne peut, décemment pédaler à Buffalo, par trois, quatre ou cinq, au coup de pistolet du starter, les sympathiques artistes s’élancent… Ils prennent les virages un peu haut, mais c’est tout de même très bien. Quelques-unes de ces brèves luttes sont pleines d’intérêt. Une foule nombreuse y applaudit.
Et puis voici la course à pied, elle est réservée aux Cent-kilos de la Société. Course épique, esthétique, apocalyptique… ces choses là ne se racontent pas, il faut les voir soi-même.
Puis, d’autres épreuves encore, sérieuses ou fantaisistes, des échassiers, le nain de Marigny matchant le géant de l’Européen en un handicap émouvant, un singe dressé, présenté par une superbe bohémienne, etc…
Charmante après-midi pour tous. On s’est amusé et l’on a fait du bien, peut-on souhaiter davantage ?
(d'après le journal " LE FIGARO" du 14 août 1908)
La semaine suivante, le 30 août 1908, Dranem joue avec Dufleuve et Carmen Vildez à la kermesse de l’exposition de l’Habitation, au profit de l’Œuvre de la Maison de retraite des artistes de concerts et de music-hall, dont il est le président.
La deuxième en 1909
Se déroule encore au vélodrome Buffalo, c’est à nouveau une réussite. Cette fois, sur l'affiche, Dranem et Jeanne Bloch ont laché le tandem pour un aéroplane !
1909 - Buche générale
1909 - Le départ de la course des 100 kilos
1909 - Le départ de la course comique
1909 - Dranem médecin ! Vraisemblable recyclage du cliché de 1908
1909 - Blon-dhin (debout à gauche) surveille ses champions
1909 - Les juges de l'arrivée et la presse
Puis 1910
1910 - Abbins, fildefériste à bicyclette
1910 - La course de tonneaux
1910 - Les entravées (doivent courir jambes attachées au dessous du genou
Celle de 1912
(d'après le journal " LE MATIN" du 27 août 1912)
Ce 26 août 1912, l'organisation de la fête échoit à Blon-Dhin et "C'est la veine ! la veine !" s'écrie-t-il ! En effet le temps passable d'une partie de la journée de la veille avait attiré, au vélodrome Buffalo, la foule des grand jours. C'est, donc au milieu des rires et des acclamations que se déroulèrent les diverses épreuves figurant au programme. Il y en avait de sérieuses, dont le championnat cycliste des Caf' Conc', gagné par M. Albins : il y en avait d'autres purement comiques, telles
que la course des cent kilos, la course pédestre pour dames, la course à chameaux, irrésistiblement drôle et que gagna l'équipe formée par Mayol et Mlle Morlay .
Puis aussi l'amusante course à transformations, la course sur les mains, la course des tout-petits enlevée de haute lutte par le jeune Mercier, six ans ; le jeu de la marmite, etc., etc.
Tout coup, vers cinq heures et demie, alors qu'on allait donner le départ de la course de la Cloche de bois, un orage épouvantable s'abat sur le vélodrome. Les éclairs et le tonnerre font rage et, en quelques minutes, la piste est transformée en piscine.
Il y eut un sauve qui peut général ; en un clin d'oeil les tribunes étaient pleines à craquer, et ceci, quoique n'étant pas porté au programme, ne fut pas le numéro le moins comique de la journée. Cette fois, ce n'était plus la veine, surtout pour le public.
Privé, par ce fait, d'une partie du spectacle, il n'en resta pas moins stoïque sous la pluie : il s'était amusé, il avait fait le bien, sa journée était donc remplie.
1912 - Course des entravées (les entravées doivent courir jambes attachées au dessous du genou)
1912 - La course sur les mains
1912 - La course de chameaux : Mayol et Gaby Morlay
1912 - La course de chameaux : Mayol et Gaby Morlay
1912 - La course des 100 kilos
1912 - Le jeu de la marmite
Celles de 1913 à 1932
1913 - Bérard et son canard gagné à la course du bol d'eau
1913 - La course d'obstacles
1913 - La course à quatre pattes
1921 - La course des sans-gêne : un faux Fatty et un faux Charlot
1921 - La course des sans-gêne : Mistinguett donne le départ
1921 - La course des sans-gêne : Mistinguett embrasse Criqui
1921 - La course du bol d'eau
1921 - La course du bol d'eau
1921 - La course en sac
1921 - Le saut en hauteur
1922 - Abbins sur son vélo à hélice
1922 - La course des bouifs (cordonniers en argot)
Les copies de cartes postales anciennes nous ont été confiées par des amis collectionneurs, que nous remercions.
Les photographies proviennent du site Gallica.
[*] Le vélodrome Buffalo était situé rue Parmentier à Neuilly-sur-Seine (75 - Seine, aujourd'hui 92 - Hauts de Seine), non loin de la Porte Maillot, précisément là où pendant l'exposition universelle de Paris de 1889, se produisait le spectacle américain du colonel Bill Cody, dit Buffalo Bill; d'où ce nom !
Le disque
Se trouve encore aujourd'hui un double 33 T (2 C150-15370/71 M - en 1978) et un CD d'opportuns repiquages pour Pathé ?)
La Fête des Caf' Conc' étant un bon prétexte pour compiler les titres !